Historique

 

Voici les grandes lignes des événements et des situations qui ont marqué l’arrivée des étudiants en situation de handicap et des services adaptés dans le réseau collégial, universitaire et au cégep Édouard-Montpetit.

Également, des informations concernant les pratiques d’accueil des étudiants en situation de handicap à l’enseignement postsecondaire à l’extérieur du Québec donneront un aperçu des pratiques de quelques pays et provinces canadiennes au regard des mesures de soutien qui n’existent pas au Québec.

Dans le réseau collégial

 

Historique de l’intégration des étudiants en situation de handicap dans le réseau collégial

Quelques années marquantes

 

Années 70 – Questionnement concernant l’intégration des EHDAA (terminologie donnée aux étudiants handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage) en classe ordinaire (à l’éducation préscolaire, primaire et secondaire).

Années 80 – Le réseau collégial public mène des réflexions sur les orientations à prendre en vue de l’accueil et de l’intégration des élèves en situation de handicap au collégial. À cette période, l’intégration était l’exception alors qu’elle est aujourd’hui la règle. On y intégrait des étudiants ayant davantage des handicaps visibles (physiques, moteurs…).

1988  – Une modification à la Loi de l’instruction publique (LIP) vient clarifier les balises de l’intégration. « Les mesures prises à l’enseignement primaire et secondaire pour soutenir la réussite des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) sont un des facteurs ayant eu un impact sur l’augmentation dans les collèges et universités » (Bonnelliet al., 2010).

1992 – La direction générale de l’enseignement collégial publie le document « Accueil et intégration des personnes handicapées au collégial ».

1997 – La direction générale de l’enseignement collégial publie le « Guide pour compléter le plan individuel d’intervention ».

Évolution des EESH

 

L’évolution de la population étudiante en situation de handicap

 

Le nombre d’étudiants en situation de handicap a connu une augmentation très marquée dans le réseau collégial québécois.

Au collégial

Les services d’accueil et de soutien des cégeps et des universités ont vu leur effectif se transformer progressivement. Ainsi, entre 2007 et 2012, le nombre d’étudiants en situation de handicap dans les cégeps a décuplé, passant de 577 à 5593. En raison de classifications différentes des troubles au sein des établissements collégiaux, il est difficile d’avoir le nombre exact d’étudiants issus de la population émergente, les méthodes de dénombrement n’étant pas uniformes d’une année à l’autre. Ainsi, en 2004, les cégeps auraient comptabilisé 194 étudiants avec un trouble de l’apprentissage et en 2007, le nombre serait passé à 692.

 

CÉGEP 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012 2012-2013
Population traditionnelle  726  1036  975  1203  1628  1994
Population émergente  577  1143  2092  2977  4080  5593
 TOTAL  1303  2179  3067  4180  5708  7587

Population traditionnelle : étudiants ayant un trouble moteur, sensoriel, neurologique ou un trouble du spectre de l’autisme.

Population émergente : troubles d’apprentissage (troubles du langage et troubles déficitaires de l’attention), troubles de santé mentale.

 

À l’université

Dans les universités, leur nombre a plus que doublé :

  • en 2002-2003, 1645 étudiants en situation de handicap étaient inscrits dans tout le réseau universitaire québécois
  • en 2011-2012, ils étaient plus de 5000 à faire appel aux services de soutien dans ces institutions

 

UNIVERSITÉ 2007-2008 2008-2009  2009-2010  2010-2011 2011-2012  2012-2013
Population traditionnelle  1352  1560  1665  1635  2012  2306
Population émergente  1416  1533  1870  2326  3168  4669
 TOTAL  2768  3095  3535  3961  5180  6975

Cette tendance n’a pas fléchi avec le temps et il y a tout lieu de croire que la progression n’est pas terminée.

 

Évolution des clientèles « émergentes » et traditionnelles de 2006 à 2011 dans les universités québécoises (AQICESH, 2010-2011)

C’est principalement aux « populations étudiantes émergentes » que l’on reconnaît la fulgurante augmentation. Cette catégorie regroupe les cas de troubles d’apprentissage, de troubles de santé mentale, de trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité et de trouble envahissant du développement.

Le nombre d’étudiants par déficience dans le réseau universitaire québécois de 2006 à 2011 met en relief sensiblement les mêmes constatations que pour le réseau collégial. Les clientèles dites traditionnelles (déficience auditive, organique, motrice, visuelle et multiple) ont subi une hausse progressive relativement stable, alors que les clientèles dites « émergentes » (troubles d’apprentissage, les troubles de santé mentale et les troubles déficitaires de l’attention) ont subi une hausse beaucoup plus marquée entre 2006 et 2011.

À Édouard-Montpetit

Les étudiants en situation de handicap ont fait leur apparition au cégep Édouard-Montpetit à la fin des années 80 et au début des années 90. (Souvenirs de Marie-Claude Brault, conseillère en services adaptés du cégep Édouard-Montpetit).

 

Des étudiants inspirants

En 1991, on dénombrait cinq étudiants en situation de handicap au Cégep : trois étaient aveugles, un était sourd et un avait un handicap physique et était en fauteuil roulant.

Ils ont été des « précurseurs » à l’intégration des étudiants en situation de handicap. Ils ont ouvert les portes pour les autres à venir par leur détermination et leur conviction; ils ont su démontrer non seulement la faisabilité de l’intégration, mais aussi la réussite de leurs études collégiales et par la suite universitaires.

Ils ont aussi travaillé à démystifier les préjugés, les réticences ou les doutes au regard de leur intégration.

  • Une étudiante aveugle avait pris en charge (à l’aide de sa canne blanche) des visites guidées lors des portes ouvertes.
  • Un étudiant aveugle inscrit au cours de « canot-camping en eau vive » a su démontrer des compétences en lien avec ce cours. Il a commencé par des pratiques de canot dans la piscine du Cégep pour se familiariser et par la suite pouvoir vivre l’expérience sur le terrain.

Ces personnes ont été inspirantes tant pour les étudiants que les enseignants. Elles ont su démontrer qu’avant de dire « non », il faut prendre le temps de regarder ce qui peut être mis en place afin de favoriser leur réussite dans les diverses expériences reliées à l’acquisition de compétences.

 

L’arrivée des étudiants ayant un trouble du spectre de l’autisme

À l’automne 2005, le Cégep a accueilli son premier étudiant ayant un trouble du spectre de l’autisme.

En 2006, les étudiants diagnostiqués présentant un trouble d’apprentissage ont fait leur apparition. À cette époque, le Cégep offrait peu de services et de soutien à ces étudiants, hormis d’informer l’enseignant pour lui signifier que l’étudiant avait besoin de plus de temps pour les examens. Ces derniers étaient faits en classe, mais il arrivait parfois d’utiliser les bureaux disponibles (lorsqu’il y en avait) à la Direction des affaires étudiantes et communautaires (DAEC).

 

Évolution de la population étudiante fréquentant le Centre de services adaptés au cégep Édouard-Montpetit de la session d’automne 1998 à la session hiver 2016

De la session automne 1998 jusqu’à l’hiver 2007, les étudiants ont fait leur entrée en petit nombre. On note une augmentation marquée de l’hiver 2007 à l’automne 2007. Cette augmentation n’a cessé de croître et à la session d’automne 2013, 354 étudiants étaient inscrits au Centre de services adaptés.

 

Portrait de la situation de l’intégration des étudiants en situation de handicap

À l’automne 2014, la commission des études confiait à un comité élargi le mandat de tracer le portrait de la situation de l’intégration des étudiants en situation de handicap, et ce, afin :

  • d’améliorer la concertation professeurs-CSA-étudiants;
  • de préciser les rôles et responsabilités de chacun des intervenants et des étudiants;
  • de proposer des améliorations pour faciliter l’intégration pédagogique des étudiants.

Pour permettre la réalisation de ce mandat, le comité souhaitait avoir un portrait actuel des préoccupations et des réalités vécues par les différents acteurs qui interviennent auprès des étudiants en situation de handicap. Il s’avérait également nécessaire de recueillir les perceptions des étudiants inscrits au Centre de services adaptés (CSA) eux-mêmes à l’égard de leur cheminement au cégep Édouard-Montpetit.

« Le portrait de la situation de l’intégration des étudiants en situation de handicap » décrit la méthodologie et les résultats obtenus lors des consultations et présente les principaux constats qui se dégagent de l’analyse des informations recueillies.

L’arrivée des Centres collégiaux

Au milieu des années 80, les cégeps de Sainte-Foy et du Vieux-Montréal, avec l’aide du collège Dawson, sont mandatés pour vivre des projets d’intégration d’étudiants ayant une déficience auditive ou visuelle.

Les trois collèges ont bénéficié d’un financement spécial durant cinq ans afin de se pencher sur la question de l’intégration des étudiants en situation de handicap dans les collèges (Boucher, 2011). Ces expériences ont permis d’identifier des pistes de développement de l’offre de service.

En 1985-86, le MEQ a formulé des orientations dans le document « Accueil et intégration des personnes handicapées au collégial ». Par la suite, un répondant local a donc été nommé dans chaque collège afin de faire le lien avec les trois centres désignés. Ce répondant a la tâche de produire et d’actualiser les plans d’intervention.

 

Des cégeps coordonnateurs

Le cégep de Sainte-Foy reçoit un financement du MELS pour coordonner l’organisation des services dans la région de l’est du Québec, tandis que le cégep du Vieux-Montréal s’occupe de l’ouest du Québec. Le collège Dawson est financé pour guider la communauté collégiale anglophone. Les collèges ont la responsabilité d’embaucher des ressources professionnelles et d’organiser leurs services. Ils ont un financement pour l’organisation de ces services et les centres désignés sont devenus des centres d’accompagnement appelés « Centre collégial de soutien à l’intégration ».

Le Centre de services adaptés

À la fin des années 1980, au moment où le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ) a formulé des orientations pour l’accueil et l’intégration des personnes handicapées au collégial, le cégep Édouard-Montpetit a nommé une personne assumant la tâche de « répondante locale ». Elle faisait le lien avec le centre désigné (cégep du Vieux-Montréal) et travaillait à produire et à actualiser (à la pièce) les plans d’intervention des étudiants en situation de handicap.

 

Un programme d’intégration pour les étudiants en situation de handicap

Désireux d’offrir à tous ses étudiants un environnement qui favorise la réussite scolaire telle que préconisée par l’axe 2 du Plan stratégique 2006-2011, le cégep Édouard-Montpetit a élaboré un programme d’intégration pour ses étudiants en situation de handicap en 2007. La responsabilité de ce programme a été confiée à la Direction des affaires étudiantes et communautaires.

Le gouvernement provincial subventionne pour sa part les services offerts à ces étudiants par l’entremise du Service d’aide à l’intégration des étudiants (SAIDE), dont les bureaux sont situés au cégep du Vieux-Montréal.

La vision de ce centre d’aide repose sur trois grands principes de base :

  • L’intégration scolaire doit s’effectuer à parts égales, sans discrimination, ni privilèges.
  • La réalisation de l’intégration est une action autonome de la personne.
  • Le Cégep se doit de soutenir l’étudiant en situation de handicap dans son intégration scolaire.

Notons que ce premier programme d’intégration des étudiants en situation de handicap (mai 2007) arrive en même temps qu’une hausse de la clientèle se fait remarquer à l’automne 2007.

 

Un Centre en évolution

2008  – Naissance du Centre d’aide et de services adaptés (CASA) avec l’engagement de quelques employés à temps partiel.

2011 – Six employés travaillent à temps complet et un est à temps partiel.

2012  – Un nouvel employé se greffe à l’équipe et le Centre d’aide et de services adaptés (CASA) devient le Centre de services adaptés.

2013 – Huit employés travaillent à temps complet et deux sont à temps partiel.

2016 – Neuf employés à temps plein et un à temps partiel. S’ajoutent à l’équipe des surveillants d’examens en période de pointe.

Le Centre de services adaptés connaît lui aussi, au même rythme que l’augmentation de la clientèle, une augmentation de ses employés.

À l’extérieur du Québec

Comment s’effectue l’intégration des étudiants en situation de handicap à l’extérieur du Québec? Consultez le document « Mesures de soutien qui n’existent pas au Québec » qui dresse un bref portrait de quelques pratiques dans certains pays d’Europe, en Australie, aux États-Unis et dans plusieurs provinces canadiennes.

Notons toutefois que le choix de ces pays ou provinces s’est fait d’abord en fonction des similarités de leur système d’éducation avec celui du Québec, ensuite en raison de la connaissance et de l’expérience de certains d’entre eux à  l’égard de l’intégration des personnes en situation de handicap et des clientèles émergentes à l’enseignement postsecondaire et enfin pour l’accessibilité des données (Bonnelli, 2010).